Chroniques de Jérusalem VI. « Le roi des juifs »

Voici ma sixième et dernière « Chronique de Jérusalem » suite aux visites faites en septembre dernier dans cette ville. Après des responsables de diverses Eglises arabes, nous avons également rencontré des personnalités juives qui ont reconnu la messianité de Jésus. « Jésus de Nazareth, le roi des juifs », était-il écrit sur sa croix.

Nous avons commencé par le Père David Neuhaus, un jésuite d'origine juive qui était jusqu’à la fin du mois d’octobre le vicaire épiscopal de la Communauté catholique hébraïque du Patriarcat latin. Il nous reçoit dans la « Kehila » (l’église) du « Vicariat Saint Jacques » dans le quartier près de la Mairie de Jérusalem.

« Ce qui me touche le plus est la joie. C’est elle qui m'a attiré à la foi, elle est inexplicable dans les catégories du monde. Il n'y a pas de raison d'être joyeux dans cette région, on a toutes les raisons d'être pessimiste. Nous sommes cependant appelés être témoins de la joie de la résurrection du Christ », nous dit-il en prenant connaissance du projet JC 2033.

David Neuhaus reduit 1De gauche à droite: Martin Hoegger, Olivier Fleury, David Neuhaus, Shafique Keshavjee
 

Le pardon, premier don de la résurrection

Il avoue que c’est la première fois qu’il découvre un projet 16 ans à l’avance. D'habitude c'est deux mois avant ! Mais donner un long temps de préparation est libérateur. Il nous encourage à former un groupe incluant une grande diversité non seulement de confessions mais aussi de contextes culturels : « Créez une communauté large avec un langage commun. C'est une chance de pouvoir grandir ensemble. Mettez dans les consciences que cette année est une occasion de rendre grâce » !

Le Concile de Jerusalem, icône écrite en hébreu dans l'Eglise de la communauté catholique hébraïque

Pour lui, le vrai défi des Eglises en Terre sainte est l’unité. Ce qui les divise fortement est la situation politique. Mais le peuple a conscience que l'unité est la condition de la survie des chrétiens ici. 

« Dieu a semé la foi des deux côtés. Il attend que nous fassions l'unité. Si on croit à la résurrection du Christ, qu'est ce qui change ? Jésus ressuscité est notre identité et notre vocation. Son premier don, après sa résurrection est le pardon. Le pardon est le fruit de la vie de son Esprit en nous. Je suis touché quand des juifs et des musulmans me disent que le pardon est la spécificité du christianisme ».
 

L’unité, valeur essentielle

A quelques pas, sur la route de Jaffa, se trouve le magasin de la Société biblique d’Israël, où nous attend son secrétaire général, Victor Kalisher.

Avec Victor Kalisher, directeur de la Société biblique 

Je le connais depuis plusieurs années, ayant moi-même été directeur de la Société biblique suisse. « L'unité en Christ est une valeur essentielle des Sociétés bibliques. Depuis Jérusalem, le Christ a envoyé ses disciples pour unir juifs et croyants des nations », nous dit-il.

La Société biblique d’Israël est au service de toute la population et prépare par conséquent des bibles en hébreu. Pour 2033, V. Kalisher imagine un livret sur les trois années du ministère de Jésus.

Mais pour lui, le plus important est de demander à Dieu comment préparer cet événement. C’est une grâce d’avoir du temps devant nous pour bien nous mettre d’accord.

« Nous voulons être fidèles à l’Evangile en montrant de l'amour envers tous, Israéliens et Palestiniens, conclut-il. Il faut mettre les personnes au défi et poser ces questions : comment pouvons-nous être une bénédiction pour tous ? Comment pouvons-nous résoudre nos problèmes, deux milles ans après la résurrection du Christ » ?
 

Reconnaître la racine juive

Au dernier étage du « Centre Notre Dame », avec une vue splendide sur la vieille ville de Jérusalem, nous déjeunons en compagnie de Dan Juster. Il nous raconte comment, en tant que jeune pasteur d’une congrégation de l’Eglise presbytérienne des Etats Unis, il a rencontré des juifs croyants en Jésus qui voulaient garder leurs traditions juives.« Je n’avais jamais pensé à cette question. Peu à peu j’en devins convaincu. Nous avons commencé à inclure des éléments juifs dans la liturgie. C’était révolutionnaire pour moi, fils d’un père juif et pasteur d’une Eglise réformée ! »

Il participe donc à la création du mouvement des Juifs messianiques et s’établit en Israël, où il anime les mouvements Tikkun et Revive Israël.

En découvrant le projet de JC 2033, il nous donne un double conseil : « Construisez un réseau très fort de prière, vous ne pouvez avancer sans la prière ! N'oubliez pas non plus que l'unité ne peut se faire sans la composante des juifs messianiques ! L’Eglise d’aujourd’hui doit comprendre qu'elle a sa racine dans la première Eglise composée de juifs ». 

Car l’unité est la passion de sa vie : « Dieu m’a dit que si je veux devenir un responsable messianique, je dois aimer toute son Eglise. J'ai senti son amour pour toutes les Eglises. Il ne me montrait pas les mauvais côtés des Eglises, mais les bons »

Avec Dan Juster.
 

Pentecôte 2033 !

Pendant que Shafique et moi-même faisions une autre visite, Olivier a rencontré Wayne Hilsden, fondateur de « King of Kings », la plus grande Eglise pentecôtiste de Jérusalem.

Ils s’étaient déjà rencontré en 2014 et ont eu une grande surprise, de part et d’autre. En effet W. Hildsen réfléchissait à célébrer les 2000 ans de la Pentecôte en 2033, en lien avec le grand mouvement pentecôtiste « Empowered21 ». (https://empowered21.com/about/leadership/ )

« En quelques minutes, nous étions comme des vieux amis qui partagent l'avancement de leurs projets », dit Olivier. Dans l’église en pleine effervescence pour le culte du soir, Wayne lui présente Chad Holland, le nouveau pasteur principal de « King of Kings », beau fils de Dan Juster, que nous venions de rencontrer.
 

Communion dans l’Esprit saint

Le lendemain nous prenons un taxi pour nous rendre dans le village d’Ein Kerem, où résident Benjamin et Ruben Berger, les deux pasteurs d’une communauté messianique qui se réunit dans l’église Christ Church, près de la porte de Jaffa. Ils nous attendent avec Alona Kay, la responsable de la jeunesse.

Ceux-ci viennent d’une famille juive orthodoxe, décimée à Auschwitz et ont découvert Jésus comme le Messie d’Israël alors qu’ils vivaient encore aux Etats unis, il y a plus de 40 ans.

Ils ont alors compris que les Pères de l’Eglise avaient changé la compréhension de l’Eglise selon les apôtres. Une Eglise composée de juifs et de gens des nations, lesquels ont été greffés sur l'Eglise de Jérusalem, comme on peut le lire dans les lettres aux Ephésiens (2) et aux Romains (9-11). 

« Il y a tant de conférences à Jérusalem. Les gens vivant ici sont fatigués de cela. Est-ce que JC 2033 sera un événement de plus ? Quel en sera le fruit ? » demandent-ils.

Pour eux, le plus important est de se relier les uns aux autres dans l’Esprit saint. C’est la clef qui change toutes nos relations. « La vraie vie est dans cette communion qui est un témoignage à la résurrection du Christ. Que la présence pleine de lumière des chrétiens soit un témoignage pour tous et attire les juifs comme les musulmans à la foi ! »

Sur le chemin du retour, Alona Kay nous partage son enthousiasme pour ce projet : « Il est très difficile de vivre en Israël. Les jeunes sont matérialistes. C'est très triste de voir qu'ils n'ont pas besoin du Messie. C’est pourquoi le chemin vers 2033 est si important. Nous ne voulons pas rater cela et aimerions en faire partie. Je vais demander à Dieu de me parler à ce sujet ».

Ruben et Benjamin Berger et Alona Kay
 

Quelques réflexions à la fin de ces chroniques. 

Durant notre voyage nous avons découvert l’amélioration des relations entre chefs d’Eglises historiques, mais aussi les tensions avec certains responsables d’Eglises évangéliques et de milieux de juifs messianiques. La complexité politique, culturelle et religieuse y est quotidienne… 

Nous avons rencontré des personnes très engagées dans l’oecuménisme local et des groupes de jeunes magnifiques qui essaient de faire le pont entre les uns et les autres. 

Nous avons également été frappés par des contrastes entre des Eglises riches et des Eglises de condition très modeste, comme l’Eglise orthodoxe éthiopienne.

Jérusalem est un microcosme d’une complexité ecclésiale extrême, avec des enjeux spirituels majeurs. Comment Dieu va-t-il se débrouiller dans cet endroit si particulier ?

Plusieurs nous ont dit que l’unité chrétienne est la condition de survie des chrétiens dans cette région. Certains ont tout de suite vu dans cette marche vers 2033 une grande stimulation pour que les Eglises se rapprochent davantage.

Nous avons été réjouits par toutes les portes ouvertes. Nous réalisons ainsi de plus en plus le potentiel de ce projet.

Nous avons constaté que nous provoquions souvent une double surprise. Celle de venir avec un projet qui se réalisera dans 16 ans. Plus les personnes sont jeunes, plus elles se disent partantes. Certaines apprécient le fait que ce projet donne le temps de faire grandir une communion entre personnes et de trouver un langage commun. Le chemin vers 2033 est tout aussi important que l'événement lui-même. 

L’autre surprise est que JC 2033 met la résurrection du Christ au centre. Cela touche les chrétiens de Jérusalem. C’est la première fois qu’ils rencontrent un mouvement qui place la résurrection de Jésus au cœur de son action. 

Jérusalem est tellement centrale parce que le Messie annoncé par les prophètes y est ressuscité. C’est l’annonce de la résurrection dans l'Esprit saint par les apôtres qui a créé l’Eglise et qui constitue sa permanente unité.

Nous avons visité des disciples de Jésus dans toutes les Eglises. Le Ressuscité est au centre, même si parfois on perçoit le poids de l’histoire. Ceci est particulièrement frappant dans l’Anastasis, l’Eglise de la Résurrection où se trouve le Saint Sépulcre.

Que Dieu nous fasse ressentir son amour pour toutes les Eglises et nous donne d'accueillir les dons qu'il a déposés en chacune!

Nous avons fait cette expérience marquante : lorsqu’on parle à partir de notre foi en Jésus ressuscité, on peut vivre des rencontres de toute beauté, malgré des différences théologiques ou politiques.

Jérusalem jouera certainement un rôle important en 2033. Nous avons conscience que nos visites ne sont qu’un tout petit commencement. Sans doute nous y retournerons !

Peut-être faudrait-il même une personne vivant à Jérusalem pour continuer à visiter les Eglises et les mouvements, et faire grandir le petit grain de sénevé qui a été semé ? A bon entendeur salut !

Que l’Esprit saint nous éclaire et nous conduise ! Merci de vos précieuses prières sans lesquelles nous ne pourrions rien faire !

Martin Hoegger