Chroniques égyptiennes I - En marche vers 2033 avec l’Église orthodoxe en Égypte

Reçus à la résidence papale au Caire, le 25 mars 2019, Olivier Fleury et moi-même (Martin Hoegger) avons pu présenter au Pape Tawadros la vision d’une décennie de la résurrection pour préparer le jubilé de 2033 : les 2000 ans de la résurrection de Jésus-Christ.

Nous étions accompagnés par les responsables du Mouvement des Focolari en Égypte. 

« Comment les Églises peuvent-elles être ensemble à cette occasion, lui a demandé Olivier. En effet 2000 ans cela se fête. Et cela se fête ensemble » !

A cette question, le pape répond qu’il faudrait que le Conseil des Églises d’Égypte y réfléchisse. Une commission spéciale devrait aussi être créée pour faire des propositions concrètes. 

Concernant le problème des différentes dates de Pâques entre les orthodoxes et les autres Églises, 

Tawadros a écrit une lettre au pape François en proposant de l’unifier. Des recherches ont aussi été faites par les Églises. Mais pour le moment il n’y a pas de résultats. 

En revanche il invite à réfléchir comment vivre Pâques ensemble lors des années où la date sera commune avant 2033 (en 2025, 2028 et 2031).

Pour lui, l’unité des Églises doit être centrée sur le Christ. Pour nous l’expliquer il nous montre sa croix avec ses quatre branches. La branche du bas représente les relations ; elle est la plus longue, donc la plus importante. La seconde représente les études, la troisième le dialogue et la quatrième la prière. 

« C’est seulement en tenant ensemble ces quatre branches que nous atteindrons le cœur de Jésus et expérimenterons l’unité de tous les chrétiens. On a fait l’erreur de commencer le dialogue sans étudier et sans construire les relations dans l’amour. Nous avons à commencer à construire des relations avec toutes les Églises, sans exceptions », dit-il. 

A la fin de la rencontre il donne à chaque personne présente une icône copte de la sainte famille, Marie et Jésus sur un âne conduits par Joseph fuyant vers l’Égypte, et il nous invite à prier pour l’Égypte. 

L’icône de la Sainte famille en Egypte
 

La foi qui déplace les montagnes

Après notre rencontre avec le pape Tawadros, nous rencontrons le P. Boutros qui représente l’Église orthodoxe copte au comité du Conseil des Églises d’Égypte. Notre discussion tourne autour de la question de la date de Pâques. Selon lui, même si actuellement les deux papes François et Tawadros sont très ouverts, 14 ans ne suffiront pas pour l’unifier.

A gauche, Magdi Misraki (Focolari) et P. Botros

« Mais rien n’est impossible : si Saint Saaman a déplacé la colline du Mokattam on peut aussi faire bouger la date de Pâques », dit-il en souriant et en citant cet épisode de la vie de ce saint très populaire en Égypte et sur lequel il a écrit une thèse !   

Son idée est que les Églises se mettent d’accord sur une date symbolique commune mais continuent à célébrer Pâques selon leur calendrier. Après tout, la foi déplace les montagnes ! 

 

Le Ressuscité parmi nous

Abouna Makary est une grande personnalité de l’Église copte orthodoxe. Avec une dizaine de personnes appartenant au mouvement des Focolari et au Renouveau charismatique, il nous reçoit chez lui en compagnie de son épouse. 

Deux fois par semaine il anime une émission de télévision où il répond aux questions sur la foi. Il est très heureux de notre initiative pour 2033, car pour lui, le cœur de la foi chrétienne est de vivre la communion avec le Ressuscité : « le Christianisme est de vivre L’Emmanuel. Le Christ est parmi nous. Je répète cela tout le temps, il est mon ami et vit toujours avec moi. » 

Chez P. Makary et son épouse

Il y a plus de sept ans, le Seigneur a mis dans son cœur un grand amour pour toutes les confessions. Avec un pasteur et un prêtre catholique il a fondé le mouvement « le Grain de moutarde » centré justement sur la présence du Christ ressuscité parmi nous (voir ci-dessous). 

Visite aux monastères dans le désert

Avec nos amis Focolari, nous avons passé toute une journée dans le désert, entre le Caire et Alexandrie pour visiter quelques monastères. 

Nous arrivons d’abord à Anafora sorti des sables il y a vingt ans. Son fondateur, l’évêque Thomas devait nous recevoir. Cependant, par téléphone, il m’assure de son soutien : « Nous voulons faire partie de cette démarche. Soyez toujours les bienvenus ici ! » 

Le centre spirituel Anafora

Olivier et moi l’avions rencontré quelques mois avant, lors du Forum chrétien francophone à Lyon. Anafora est un mot grec signifiant relever. Le but de ce centre spirituel est de relever la personne dans son intégralité.

C’est pourquoi à côté de la prière et des retraites spirituelles, le respect de la nature, l’agriculture biologique, l’énergie solaire, l’art sont promus. Une formation à des jeunes déscolarisés est offerte. 

Des personnes viennent du monde entier dans ce petit paradis ! Il est animé par des moines et des moniales et par des volontaires célibataires ou mariés.  

Le Christ ressuscité à Anafora

L’étape suivante est le monastère de Saint Macaire. Un « Abouna » - un moine - nous reçoit dans ce lieu où le monachisme a vu le jour au 4e siècle. Il nous fait visiter les diverses églises, en particulier celle des « 49 martyrs ». Aujourd’hui 150 moines commencent leur journée à quatre heures du matin avec deux heures de prière. De vrais athlètes de la spiritualité !

Un œuf d’autruche suspendu près d’un autel attire l’attention d’Olivier. Il est un symbole de la résurrection : « comme la vie sort de la coque, le Christ est sorti du tombeau » explique le moine dans une vidéo. (voir ici) 

Au retour nous nous arrêtons rapidement au grand monastère de Saint Bishoy. 

 

Non seulement rêver mais organiser

Nous visitons aussi une autre Église orthodoxe. Le Métropolite (ou archevêque) grec orthodoxe Nicodème nous reçoit à la « Métropolie » du Patriarcat d’Alexandrie, dans un quartier populaire du Caire. « Votre projet n’est pas seulement beau, mais aussi grandNous devons non seulement le rêver mais l’organiser », affirme-t-il avec un grand sourire.  

A gauche, le métropolite Nicodème

Quand Olivier lui explique l’importance que revêt l’unité pour nous, il répond : « Nos séparations ne sont pas justes. Nous devons retourner à l’Église ancienne où les chrétiens étaient unis. Plus on est proche de Jésus, plus on est proche les uns des autres. Votre projet nous aidera et c’est une bonne surprise dont je vais parler au patriarche et au synode ».  
 

Martin Hoegger, responsable des relations inter-Églises de JC2033