Chroniques égyptiennes IV - En marche vers 2033 avec le mouvement œcuménique en Égypte

Boulos Garas est secrétaire du Conseil des Églises d’Égypte. Nous le rencontrons au siège du patriarcat copte catholique, son Église. Tout sourire, il nous partage son espérance : « J’espère que le jubilé de la résurrection nous trouvera unis. Même s’il est éloigné il faut préparer notre cœur pour devenir un témoin de la résurrection. Si vous ne croyez pas au Christ ressuscité, il n’y a pas de christianisme. La différence entre chrétiens et non chrétiens est la résurrection. C’est notre trésor ! »

Pour lui, c’est un grand rêve de travailler tous ensemble autour de la résurrection et il faut commencer dans chaque Église locale, chaque paroisse, chaque famille. Chacun doit commencer là où il en est. Et il propose de publier un livre œcuménique sur les effets de la résurrection sur le monde. Elle nous transforme et a changé le monde.  

 

Graine de moutarde

Avec un pasteur et un prêtre catholique, le prêtre orthodoxe copte Makary Younan a fondé le mouvement « Graine de Moutarde ». Il nous montre une vidéo d’une grande rencontre dans le sanctuaire taillé dans le roc du Mokkatam, où plus de 30 milles chrétiens ont célébré ensemble le Christ en 2011. Tout ce mouvement, explique-t-il, est centré sur la présence du Ressuscité parmi nous. 

Le pasteur en question est Sameh Mories que nous avons visité au début de notre pèlerinage cairote. Il nous a expliqué que certains évêques de l’Église orthodoxe copte s’étaient opposés à ces rencontres, par peur que des membres rejoignent d’autres Églises. D’après lui, ils se trompent, car dans l’unité personne ne doit avoir peur et personne ne quitte son Église. Mais depuis cette opposition, ces grandes rencontres n’ont plus pu avoir lieu. 

Grande célébration au Mokkatam

« Pâques 2033 sera une occasion spéciale. Certes chaque Église célébrera cet événement, mais si nous sommes dans l’unité cela sera tout autre. J’en ai fait l’expérience avec « Graine de moutarde ». 
 

Une unité dynamisée par la marche vers 2033

Guirgis Saleh a été secrétaire général du Conseil des Églises du Moyen Orient et nous reçoit dans son bureau du Séminaire théologique copte où il enseigne. Partout des photos témoignent de son intense activité pour l’unité chrétienne.  

Guirgis Saleh et Nelly Khadige (Focolari)

« L’unité représente le testament de notre Seigneur Jésus-Christ. Quand des musulmans voient les chrétiens se donner la main, cela représente beaucoup pour eux. En effet le plus important est de représenter ensemble l’amour de notre Seigneur. Un dialogue que la marche vers 2033 stimulera ». 

Ce dialogue cherche à rencontrer l’autre et à l’accepter, également dans ce qu’il a de différent. C’est ainsi qu’il organise des rencontres entre des étudiants musulmans et des étudiants chrétiens. Ils se demandent ce qu’ils ont en commun, en identifiant quinze points. Mais il constate que parfois il est plus difficile d’être ensemble chrétiens de diverses origines, alors que Jésus nous appelle à l’unité. C’est cette unité chrétienne qui est un message pour les autres. 
 

Publier du matériel approprié pour toutes les Églises 

J’ai la joie de revoir Ramez Attalah, secrétaire général de la Société biblique d’Égypte que je connais de longue date, puisque j’occupais un poste semblable en Suisse. Il me rappelle que ce 26 mars est un grand jour : la signature de l’accord de paix entre Israël et l’Égypte, il y a 40 ans.

Amir Elhamy (Société biblique) et Bernard Roesch (Focolari)

Avec Amir Elhamy, le directeur éditorial, il m’assure aussi que la Société biblique s’impliquera pour le jubilé de 2033. Il imagine plusieurs publications pour marquer les trois ans du ministère public de Jésus, également en version électronique pour rejoindre la jeune génération. La tâche de la Société biblique est en effet de publier du matériel approprié que toutes les Églises accepteront. Elles sont toujours à leur service. C’est ainsi que pour la récente visite en Égypte du pape François elle a publié un livret sur le Sermon sur la montagne, en montrant son actualité.

Ramez Attalah, le directeur de la Société biblique 

Écoutez son interview : https://www.youtube.com/watch?v=AALGsY-wBhM 
 

Le cercle de l’unité a grandi

Peut-être savez-vous que je suis relié depuis 25 ans aux Focolari, un mouvement catholique, avec une grande ouverture œcuménique ? J’ai préparé ce voyage avec Sherin Helmy, une « focolarine » copte orthodoxe avec laquelle je participe à un groupe international de réflexion théologique. Nous nous rencontrons en effet tous les mois à travers « Skype », sur internet et, « en vrai », une fois par an. 

Au début comme à la fin de notre séjour nous avons rencontré le « Focolare » (le foyer en italien), d’abord avec les membres des communautés, puis avec des amis de ce mouvement présent depuis les années 1980 qui s’engage pour l’unité. Participaient également à la deuxième rencontre des membres de la Communauté du Chemin Neuf, du Renouveau charismatique et d’une Église évangélique

Avec les Focolari

Le premier soir Magdi Mishraky, membre (copte-orthodoxe) du Focolare des hommes nous a expliqué les relations entre les Églises : « Certains évêques ou responsables sont ouverts, d’autres se replient sur leur Église. En février nous avons la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il est beau de prier ensemble, mais peu de personnes y participent. Que se passe-t-il après ? Il faut œuvrer à la charité entre les Églises : que les chrétiens se rencontrent et s’entraident. Cela est particulièrement important avec les évangéliques et les pentecôtistes qui grandissent de plus en plus ».

Lors de la dernière soirée, Nelly Khadige, responsable de la communauté féminine, qui a participé à plusieurs de nos rencontres, nous a dit : « Le premier pas est de se connaître les uns les autres. Avec vos visites, une amitié s’est créée. Vous repartez maintenant avec l’Église d’Égypte dans votre cœur. Nous avons vécu des jours forts avec le Christ parmi nous. Le cercle de l’unité a grandi. Nous allons continuer ensemble ».

Je pense que c’est une belle conclusion à cette visite étonnante et intense sur cette terre que le Seigneur a foulée comme émigré il y a plus de 2000 ans. 
 

Martin Hoegger, responsable des relations inter-Églises de JC2033