Cela a été un moment important du chemin vers 2033, les 2000 ans de la résurrection de Jésus. Plus de 280 personnes y ont participé et notre site internet en a largement parlé. Pour faire le bilan de cette rencontre et comprendre quel seront les prochains pas, nous avons visité plusieurs responsables d’Église, fin mars 2022.
Dans le « Vieux Caire », le Père Damaskinos, le secrétaire général du Conseil des Églises d’Égypte, nous reçoit dans son monastère de Saint Georges, à côté de l’église grecque orthodoxe du même nom. Avec un grand sourire il commence par nous dire ses convictions concernant l’unité chrétienne : « les Églises doivent se concentrer sur ce qui leur est commun, à savoir l’incarnation, la mort expiatoire et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ ». Dans cet esprit, il a invité hier dans son église les diverses Églises à prier pour la paix en Ukraine.
Une idée novatrice
Présent lors de la première soirée dans le monastère copte d’Anafora où s’est tenu rassemblement, Damaskinos nous partage son enthousiasme par rapport à cette « idée novatrice ». « Je ne m’attendais pas à rencontrer tant de personnes et de responsables venant d’Églises si diverses. Nous devons continuer notre mission d’unité et organiser d’autres événements », nous dit-il.
Nous visitons ensuite le pasteur Reefat Fikry dans le quartier d’Ataba. Président du conseil des relations œcuméniques de l’Église évangélique presbytérienne et un des secrétaires du Conseil des Églises du Moyen Orient, il nous dit que la rencontre d’Anafora a été une expérience nouvelle pour les Églises d’Égypte. Homme de médias, il a réalisé une émission de télévision en interviewant plusieurs responsables qui avaient participé à la rencontre. Il souligne l’importance de la communication de ce qui a été vécu.
Le Père Rafic Greiche, curé de la paroisse Saint Cyrille de l’Église grecque orthodoxe s’était beaucoup impliqué dans la préparation de la rencontre d’Anafora ; il nous accueille avec joie dans son église plus que centenaire dans le quartier d’Héliopolis, où se dessine une mosaïque d’églises de diverses confessions, sans compter les multiples mosquées.
Il nous fait part de son impression sur la rencontre d’Anafora, globalement positive, mais il ne tait pas certains aspects qui ont été plus difficiles, notamment la collaboration au sein du comité de préparation. Ce qui continue à lui plaire dans le projet de JC2033 est la dimension de l’unité : « Je m’accroche à ce projet pour que mes filles et la génération qui vient puissent vivre l’unité dans un contexte où, trop souvent, les Églises sont en concurrence », nous dit-il.
Déséquilibre confessionnel ?
La communauté des Focolari - une des chevilles ouvrières de la rencontre d’Anafora - nous a invités à sa table. Ils ont particulièrement apprécié la première soirée où l’unité dans la diversité s’est exprimée, également les témoignages de vie durant les trois jours. Ils nous invitent cependant à réfléchir sur la compréhension de l’évangélisation dans le contexte égyptien. A leur avis, certains moments, en particulier la célébration finale, ont été trop marqués par les Églises protestantes-évangéliques.
C’est aussi l’avis du Père Bishoy Helmy, prêtre de la grande paroisse copte orthodoxe de Saint Antoine dans le quartier de Shoubra au Caire. Il est également un des secrétaires du Conseil des Églises d’Égypte. Comme il enseigne l’œcuménisme au séminaire copte, il avait invité plusieurs de ses étudiants à Anafora. Il leur a demandé de lui donner leurs impressions. Ceux-ci lui ont fait la même remarque au sujet de cette prédominance protestante, le jour de leur participation. A la fin de notre entretien il nous propose de visiter son église, où s’affairent des bénévoles pour la nettoyer une fois par semaine, et devant l’iconostase il nous dit : « Ma porte est ouverte pour les prochains pas » !
Le lendemain, au siège de la Société biblique égyptienne à Héliopolis, Ramez Atallah, l’ancien secrétaire général, nous reçoit dans son « bureau de retraité ». Il donne maintenant de son temps pour la conseiller grâce à sa grande expérience. Il est aussi pour nous une personne clé pour nous aider à mieux comprendre le contexte des Églises en Égypte et les relations entre elles. « La Société biblique est au service de toutes les Églises et, le temps venu, elle leur fournira du matériel biblique pour les fêtes du Jubilé de la résurrection », nous assure-t-il.
Arroser la graine semée
Puis nous retournons dans le quartier d’Ataba où nous rencontrons Samy Samir, le dynamique responsable des cours Alpha organisés sous le chapeau de l’Église anglicane. Samy a participé à toute la rencontre d’Anafora, y inclus les trois jours de jeûne et de prière qui l’ont précédée ainsi que la journée consacrée aux « ambassadeurs ». Il est en lien avec des responsables de jeunesse de plusieurs Églises et voit l’impact que pourrait avoir JC2033 parmi les jeunes.
« Comment faire grandir la graine semée à Anafora », demande-t-il ? « Il faut l’arroser avec la prière et la confiance à travers des rencontres, sans exclure aucune dénomination ». Durant le rassemblement, il a particulièrement apprécié l’expérience libanaise « Célébrons ensemble la Résurrection », qui rassemble, durant le temps de Pâques, des jeunes de diverses Églises et mouvements. Il serait intéressé d’en parler à des responsables de jeunesse pour l’introduire en Égypte. https://jc2033.org/fr/blog/les-messagers-de-la-resurrection.html
Portes ouvertes
Nous avons voulu aussi rendre visite au monastère d’Anafora, où nous sommes restés un jour et demi. A la fin du petit déjeuner, avant de participer à la liturgie, l’évêque Anba Thomas s’assied à notre table et, plein de joie, nous demande comment continue JC2033. Il nous dit surtout la joie qui l’habite quand il repense à cette rencontre. « Les portes d’Anafora vous seront ouvertes. Je serai heureux de participer à d’autres projets », nous assure-t-il.
Nous lui faisons aussi part des difficultés et des réactions que nous avons entendues. Avec sagesse Anba Thomas les relativise en disant que nous apprenons aussi de nos erreurs et que nous sommes sur un chemin, où nous nous corrigeons les uns les autres pour mieux être au service de Dieu.
Prochains pas
Le dernier soir de notre séjour égyptien, nous nous retrouvons dans la salle de la paroisse de Saint Cyrille, où le Père Rafic nous accueille avec un somptueux buffet. Quelques autres responsables sont là : l’évêque catholique romain Claudio Lurati, le pasteur Reefat Fikri que nous avons déjà visité, et Nadia et Marie-Thérèse Doss, animatrices du Renouveau charismatique catholique, ainsi qu’un couple orthodoxe copte délégué par le Père Bishoy Helmy.
Nous leur partageons le contenu de nos diverses rencontres et les écoutons sur leur vécu durant la conférence d’Anafora. Nous rendons grâce pour tout ce que Dieu nous a permis de vivre. Au nom de JC2033, nous leur demandons aussi pardon pour les erreurs que nous avons commises.
Peu à peu apparaît un désir de continuer ensemble le chemin vers 2033. Les personnes présentes s’accordent de créer un groupe de travail composé de membres de diverses Églises et mouvements. Celui-ci serait en lien avec le Conseil des Églises d’Égypte.
Quelques idées sont partagées comme une célébration oecuménique pour entrer dans la « décennie de la résurrection » durant le temps de Pâques en 2023 ou des groupes œcuméniques de partage de la Parole de Dieu, dans l’esprit de la « Lectio divina », sans oublier de mettre en route les jeunes.
Mgr Lurati conclut la soirée par la prière et en nous bénissant. Oui, que le Christ arrose de sa bénédiction ce chemin vers les 2000 ans de sa résurrection en Égypte, un chemin sur lequel il accompagne ce peuple depuis qu’il y a marché dans son enfance !
Par Marianne Roche et Martin Hoegger
Marianne Roche est membre du Groupe de travail JC2033
Martin Hoegger responsable des relations inter-Églises
Image 1 : de gauche à droite : P. Rafic Greiche, Marianne Roche, Nadia Doss, Mgr Claudio Lurati, Martin Hoegger, pasteur Reefat Fikri, un couple de l’Église orthodoxe copte, Marie-Thérèse Doss
Image 2 : Dans l’Église de la résurrection, à Anafora.
Image 3 : Anba Thomas entre Marianne Roche et Martin Hoegger