Unité: «Notre identité est en Christ, non dans notre identité confessionnelle»

En février dernier, plus de deux cents chrétiens catholiques, orthodoxes, réformés et évangéliques, issus de 35 pays, ont participé à la Conférence "Lumière pour les nations", organisée à Genève par JC2033. Membre de la direction de la FREE, Philippe Bury est revenu de cette conférence avec cette question: et nous, qu'allons-nous mettre en place pour célébrer les 2000 ans de la Résurrection du Christ en 2033?

Plus de deux cents chrétiens de trente-cinq nations du monde (Mongolie, Pakistan, Népal, Canada, Amérique du sud etc.) ont afflué à Genève pour la Conférence «Lumière pour les nations», qui s'est déroulée du 26 au 28 février derniers. Plusieurs provenaient de régions où pratiquer sa foi chrétienne est risqué, certains se sont même endettés pour payer leur voyage. Mais tous étaient portés par la vision JC2033: se préparer à célébrer les deux mille ans de la Résurrection du Christ à Pâques 2033. Et par là-même, témoigner de la foi commune qui unit les chrétiens, quelles que soient leurs confessions.

Au programme de ces journées riches autant spirituellement qu'au niveau relationnel, une table ronde avec des responsables de diverses confessions, des workshops, des impulsions bibliques et une célébration avec Interjeunes Genève. Point d’orgue du rassemblement, la soirée Unité, avec les interventions de Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE) et d’Elias Myrianthous, parlementaire à Chypre et membre du mouvement orthodoxe «Pâques ensemble 2025».
 

Les divisions n’aident pas le témoignage chrétien

«C’est la résurrection de Jésus qui a changé le cours de l’histoire. C’est l’espérance de la résurrection qui nous donne courage, force et foi» a relevé Jerry Pillay devant une salle pleine. Dans la foulée, le secrétaire général du COE a déploré les divisions qui existent entre chrétiens, et qui n’aident pas au témoignage commun. «Notre identité est en Christ, et non dans nos identités confessionnelles» a-t-il affirmé avec assurance. Toutefois, si l’unité des chrétiens est importante, elle ne signifie pas uniformité, a précisé le secrétaire général; comme il existe différentes cultures familiales, chaque famille d’Eglises a ses propres spécificités.

Se référant aux 1700 ans du Concile de Nicée, célébrés cette année, Jerry Pillay a relevé que le Credo de Nicée - qui affirme la divinité de Jésus - a constitué un fil conducteur pour les communautés chrétiennes à travers les siècles et les régions: aujourd'hui encore, il nous invite à une confession de foi commune.
 

L’unité au pied de la Croix

«Qu’est-ce que l’unité pour vous?» C’est la question qu’Olivier Fleury, fondateur de JC2033, a posé à ses quatre interlocuteurs lors de la table ronde : Catherine Riedlinger, représentante de l’Eglise catholique, Frédéric Keller, pasteur réformé membre du comité de la CECCV, Thierry Bourgeois, président du Réseau évangélique genevois et le Père Mina Hanna, de l’Eglise copte orthodoxe. Pour tous, l’unité est d’abord le projet de Dieu (selon la prière de Jésus en Jean 17, v.21). Et de pointer l’œuvre du Christ comme fondement de ce qui nous unit. Pour reprendre les mots de Frédéric Keller, « les textes théologiques n’ont jamais construit l’unité; elle est le rassemblement des chrétiens au pied de la Croix ». «En 2025, on ne peut plus avancer seuls, nous devons avancer ensemble pour témoigner de Jésus-Christ» a confirmé Catherine Riedlinger, remerciant au passage l’initiative JC2033, qui œuvre dans ce sens.
 

Et nous, qu’allons-nous mettre en place?

Membre de l’équipe de direction de la FREE, Philippe Bury a participé à cette conférence, qui s’est tenue dans les spacieux locaux de l’Espace Lumen. Ce rassemblement a suscité chez lui ce questionnement: que mettre en place pour cet anniversaire de la Résurrection en 2033, dans ma sphère familiale, avec mon voisinage, en Eglise locale ou entre communautés d’une même ville, voire au niveau du canton? Il remarque: «On met beaucoup de temps et de ressources pour marquer les 50 ans d’un ami ou les 80 ans d’une grand-mère, en anticipant ces festivités bien à l’avance. De même, JC2033 nous encourage à nous poser et à prendre le temps de nous préparer dès aujourd’hui pour cet événement».

Si Philippe Bury constate que les relations inter-confessionnelles sont déjà concrètes dans différentes régions romandes, il insiste sur le fait d’être davantage intentionnels et pro-actifs en termes de partage de l’Evangile au niveau individuel, collectif et même fédératif.

Dans ce sens, le responsable du Cercle Mission réfléchit à la façon dont la FREE peut encourager les Églises membres à se préparer en vue de JC2033. Et au-delà de nos frontières, à comment notre fédération pourrait éventuellement aider nos partenaires au sud, qui ont moins de moyens et un contexte religieux plus difficile.
 

Actif depuis 9 ans pour JC2033

Ancien pasteur réformé, Martin Hoegger vit une retraite des plus active. Il consacre 30 à 40% de son temps à promouvoir la vision JC2033, notamment en allant à la rencontre de chrétiens de différentes confessions et sensibilités en Europe. Interview.

Certains participants de la Conférence venaient de pays où la foi chrétienne est réprimée. A quoi correspond cette rencontre mondiale JC2033 pour eux?

Elle répond au besoin d’être en lien avec des chrétiens du monde entier. Et aussi de se centrer sur l'essentiel de la vie chrétienne – la mort et résurrection de Jésus-Christ – ce qui fortifie leur foi. Le cœur de notre foi commune est la résurrection.

A vos yeux, qu'est-ce qui favorise vraiment l’unité, tant au niveau institutionnel qu’au niveau personnel ?

L’unité est favorisée par deux aspects. L’aspect effectif, ou doctrinal, tient dans la centralité de cette affirmation: Christ est à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est mort sur la croix et est revenu à la vie. Il n’est pas n’importe quel christ ; il est celui des Ecritures saintes (la Bible), celui qui est au coeur des confessions de foi des Eglises, celui qui par amour pour nous et pour notre salut a pris chair dans le corps d’une femme. L’autre aspect, que j’appelle affectif, c’est que le Christ nous rejoint dans notre humanité; il est devenu l’un de nous afin que nous nous aimions comme lui nous a aimés, afin que nous soyons unis dans son amour.

Vous vous engagez depuis neuf ans pour ce projet de célébration de la Résurrection en 2033. Quel est votre moteur?

C’est le Christ : un jour, il m’a rencontré, il a transformé ma vie ! Par reconnaissance et gratitude, et par sa grâce, qui me donne force et santé, je désire m’engager pour lui.

Auteure: Sandrine Roulet FREE

Photo: JC2033


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