Quel âge aurez-vous en 2033 ?
Le lendemain nous rencontrons la jeune équipe de « JEM ». Olivier leur demande quel âge ils auront en 2033. Tous répondent entre 40 et 45 ans ! Pour Harald, quinze ans c’est très loin, tandis que pour Victoria c’est très court. Les années peuvent s’envoler, surtout si l’on est actif et notre relation avec le temps est donc flexible.
Olivier leur pose une deuxième question : que signifie pour eux la résurrection ? « Grâce à la résurrection, des torrents de vie peuvent se déverser sur nous », dit Sarah. Pour Victoria, son prénom lui rappelle que la résurrection est une victoire sur la mort et commence dès maintenant. Harald, quant à lui dit : « Grâce à la résurrection de Jésus je peux avoir la vie de Dieu en moi ».
Harald et Olivier
Comment le projet JC2033 les rejoint-il ? Voici quelques idées de ces jeunes : visiter chacun, chaque mission doit être engagée dans la prière, organiser une grande « marche pour Jésus ». Mais Vienne ne suffit pas : nous devons aller dans toutes les villes et Eglises d’Autriche.
Martin Hoegger propose ensuite un temps de « Lectio divina » sur un grand texte de la résurrection, celui où Jésus rencontre ses disciples, souffle sur eux son esprit, les envoie en leur donnant l’autorité de pardonner (Jean 21). Avec des temps de silence, de partage et de prière, nous vivons un temps magnifique de communion spirituelle.
A la fin, Martin a écrit cette brève prière qui lui rappelle que la résurrection du Christ, le don de l’Esprit et la constitution de l’Eglise, lieu où se vit le pardon, sont un seul et même mystère :
Dans ta résurrection, Jésus,
tu souffles ton Esprit sur moi
pour que je puisse pardonner.
Donne-moi cette force du pardon
pour que ton Esprit m’anime
et m’envoie dans ce monde que tu aimes !
S’approprier personnellement la vision
Après ce temps béni, nous traversons le quartier de la cathédrale pour le repas au Café Engländer, où nous attend le pasteur Karl Peloschek, président de Christen in Wien (Chrétiens à Vienne), un cercle réunissant des chrétiens de diverses Eglises et dont le but est de témoigner de l’Evangile.
Karl Peloschek, Barbara Allan et Olivier Fleury
« Ma première réaction par rapport à JC2033 est qu’il ne faut pas attendre cette année-là. C’est maintenant qu’il faut se mettre en route, mais je ne suis pas habitué à planifier si longtemps à l’avance », nous dit-il.
Puis il pose une série de questions : Comment sera le monde en 2033 ? Aurons-nous encore la liberté de célébrer et de témoigner comme aujourd’hui ? Le relativisme grandira-t-il encore plus en Europe ? Quelle y sera la place de l’Islam ?
Réjoui par notre approche centrée sur le Christ ressuscité et l’expérience que l’on peut en faire aujourd’hui (sans cependant, privilégier un point de vue particulier), il nous remercie de notre visite : « Votre présence est précieuse. Elle est même une réponse à notre prière pour que le Seigneur envoie des ouvriers dans sa moisson en Autriche » !
Suite à la « Marche pour Jésus » qui vient d’avoir lieu à Vienne et qui a réuni 90% des chrétiens, il désire une unité plus profonde. Non seulement marcher côte à côte, mais avoir un accord des esprits et des cœurs. C’est ce qu’il souhaite aussi pour le chemin vers 2033.
« Nous devons nous approprier personnellement votre vision. Je vais le demander dans la prière… », conclut-il en dégustant son café viennois !
« Ce projet peut nous dynamiser »
Avec Gunther Körber
Dans le Café philosophique et artistique Korb, nous rencontrons Günther Körber, directeur de l’Alliance évangélique de Vienne, qui rassemble des membres de diverses églises protestantes et évangéliques.
Vienne est une société multiculturelle : plusieurs Eglises sont issues de la migration et l’Alliance évangélique les représente. Des rencontres de prière les rassemblent dans une salle de la gare qui leur est prêtée par la municipalité.
G. Körber est engagé dans « Network for Christ » qui anime une « Maison de Jésus » qui veut rejoindre les jeunes. « Il faut toujours trouver des voies nouvelles pour les rejoindre. Non seulement avoir des idées mais donner des ressources pour les réaliser. Je vois JC2033 dans ce contexte. Ce projet centré sur le Ressuscité peut nous dynamiser ».
Le Saint Esprit agit en tout temps et partout.
Le lendemain matin, nous traversons le Parc de la ville pour visiter le chanoine Patrick Curran, de l’Eglise anglicane. Ce dernier est honoré que nous ayons pensé à visiter sa petite communauté à Vienne.
Au premier plan, Patrick Curran, lors de la célébration dans le Dôme de Vienne
JC2033 évoque tout de suite pour lui le bon souvenir de la décennie d’évangélisation en Angleterre, laquelle avait précédé l’an 2000. C’est l’aile évangélique de l’Eglise anglicane qui l’avait lancée et cela avait créé des tensions... Mais aujourd’hui le monde a changé. L’Eglise est devenu plus faible et voit davantage la nécessité de l’évangélisation.
« Votre projet est magnifique. Les gens qui ont un coeur pour la mission s’engageront. Chaque communauté chrétienne est une communauté de la résurrection. Il faut respecter ce qui s’y vit. Il y a de grandes ressources dans toutes nos traditions. Il ne faut pas les négliger. Le Saint Esprit agit ent tout temps et partout. »
Il nous conseille de travailler avec toute l’Eglise et à ne pas nous laisser gagner par le pragmatisme. Il se réjouit en particulier des « cinq ADN » de JC2033 (Prier, servir, rassembler, célébrer, témoigner) qui correspondent aux marques de l’Eglise : « Convainquez toutes les Eglises de leur importance, comme les musulmans sont convaincus des cinq piliers de l’Islam. Aidez les personnes à dire leur foi en créant un langage commun. Ne disons pas que cette époque est pire que les autres ! Chacune a besoin de rédemption », nous dit-il !
Un processus participatif
Dans la banlieue de Vienne, nous rencontrons les responsables du mouvement des Focolari qui nous reçoivent dans une ancienne fabrique de chaussures transformée en centre de vie.
Focolare de Vienne
Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons des membres de ce mouvement d’unité. Peter Forst, le responsable des pays germanophones dit se retrouver dans les cinq points de « l’ADN » de JC2033, en particulier l’unité : « Si les mouvements se mettent ensemble nous pouvons rejoindre tout le peuple de Dieu. Chaque mouvement a un charisme ». Il nous encourage à donner une place aux diverses formes de prière. Il ne serait pas bon qu’une tradition domine sur les autres.
Johannes Vetter cite la pensée du pape François pour lequel il est important de lancer des processus participatifs pour arriver à tous. Il considère le projet JC2033 comme un témoignage significatif de ce processus.[1]
Quant à Dirk Kennis, il nous encourage à construire un réseau de relations personnelles : « le futur du christianisme passe par des rencontres, dans le peuple de Dieu et entre les responsables ».
Devenir disciples de Jésus.
En face du Dôme Saint Etienne nous entrons dans l’archevêché pour rencontrer Otmar Spanner et Andrea Geiger, les responsables de « Mission dans la ville ». Il commencent par nous expliquer l’accent mis par le Cardinal Schönborn sur l'importance de devenir disciples de Jésus.
Andrea estime qu’il est bon d’avoir des dates comme 2033 pour répondre à appel du Seigneur de donner un témoignage d’unité. L’unité dans la mission est encore plus importante que les questions théologiques qui divisent les chrétiens. « Nous célébrons la résurrection de Jésus chaque dimanche, mais quel est son impact ? Prenons-nous au sérieux les besoins du monde. L’essentiel est de faire ensemble l’expérience de l’amitié avec Jésus ».
« Votre vision va dans la même direction de ce qui m’est cher, ajoute O. Spanner. Notre défi est d’apporter cette vision dans notre Église. C'est une grande organisation qui a besoin de redécouvrir ce que signifie être disciple ».
Heureux d’être sur la même longueur d’onde, notre rencontre se termine avec une photo sur les toits de ce vénérable bâtiment !
Commencez par aimer !
Dans le restaurant Lugek, une institution à Vienne, nous nous mettons à table avec Maximilian Oettingen, de la communauté Loretto. Tous nous mangeons un copieux Wienerschnitzel !
Loretto est un mouvement de renouveau spirituel dans l’Eglise catholique : une cinquantaine de groupes de prière en Autriche, Suisse, Allemagne et Tyrol du sud.
« Notre identité est avant tout dans notre relation avec Jesus-Christ et non dans la doctrine et la liturgie. Si nous nous tenons aux formes nous tombons dans l’idolatrie », affirme-t-il.
Il apprécie que le pape François appelle avant tout à être disciples de Jésus et le cite : « L’Eglise catholique est comme une vieille dame à qui on doit réapprendre à se lever et à danser ».
Il nous laisse ces conseils : « Soyez très humbles. Ne commencez pas par définir votre profil, mais par aimer ! Aimez toutes les Eglises ! Allez dans les lieux où l’Esprit souffle dans l’Eglise catholique ! »
Puiser à la source
Le soir nous retrouvons dans le Dôme plusieurs personnes que nous avons visitées, pour participer à la célébration œcuménique d’ouverture d’Ensemble pour l’Europe.
Le cardinal Christoph Schönborn durant la célébration oecuménique
Le cardinal Christoph Schönborn apporte la prédication aux délégués d’une cinquantaine de mouvements venant de toute l’Europe. Il commence par rappeler que le 10 novembre était celle de la « Nuit de cristal » pendant laquelle commença la persécution nazie contre les juifs. Ce fut le début d’une des plus grandes catastrophes de l’histoire humaine. Aujourd’hui où va l’Europe? Sur le chemin de l’unité dans la diversité ? Ou bien vers une Europe divisée ?
« Nous devons retourner au mystère de la Croix du Christ, qui est la source d’une Europe unie. Nous avons tous à être témoins de cette source intérieure, mais le christianisme a beaucoup d’ombres en Europe. Nous devons nous tenir proches de la croix et de la résurrection et tout faire partir de Jésus », affirme-t-il.
Réjouis par cet appel à se centrer sur le Christ, Olivier et moi avons la possibilité remerciercions l’archevêque de Vienne après la célébration et lui présentons brièvement la vision de JC2033, elle aussi résolument christocentrique.
Une « culture de la visite »
Revenir à la source, il en a été souvent question durant les deux jours de rencontre d’Ensemble pour l’Europe, dans la banlieue viennoise. La source de tous les mouvements chrétiens, c’est le mystère pascal : la croix et la résurrection.
A plusieurs reprises des appels ont été lancés pour mieux nous connaître les uns les autres, vivre une « culture de la visite » afin de susciter l’amitié entre nous, entre le sud et le nord de l’Europe et l’est et l’ouest.
« Chaque visite est une contribution au renouveau de l’Europe. Que cherchons-nous chez l’autre quand nous nous visitons? Nous cherchons le Christ. Il est l’âme, l’essence de l’Europe. Il a visité l’Europe et ne la quitte plus. Il nous relie plus que toute autre chose ».
Une « culture de la visite » : n’est-ce pas ce que nous cherchons à vivre en travaillant pour les deux mille ans de la Résurrection de Jésus ?
Le secret de l’Europe est la présence du Ressuscité parmi nous. Cette phrase de Thomas Römer, responsable des Unions chrétiennes de jeunes gens à Munich, m’a particulièrement touché : « L’Europe est belle. Elle est un organisme et non une organisation et un organisme a une âme et l’âme est belle. Voyons la beauté de Jésus crucifié et ressuscité en chacune de nos communautés ! »
Présenter l’épouse à l’Epoux
Durant cette belle rencontre nous avons pu présenter à plusieurs personnes la vision de JC2033 et faire quelques interview (voir ici ceux de Maria Wienken, responsable du Centre de l’unité des Focolari et de Bruno Pouzoullic, de la communauté de l’Emanuel).
Avec Johannes Fichtenbauer
Nous avons vécu un rencontre marquante avec Johannes Fichtenbauer, diacre de l’Eglise catholique, président du Chemin de la Réconciliation et du Réseau européen des communautés.
« La force de ce projet c'est que nous avons du temps, nous dit-il. Mais vous devez mettre sur place un comité consultatif de représentants des Eglises et des mouvements. Vous avez besoin de leur soutien convaincu et vous devez proposer des impulsions visionnaires ».
Il est aussi le secrétaire de « Toward Jerusalem Council II » (TJCII) (http://tjcii.org/ ), un mouvement dont le but est de préparer un deuxième Concile de Jérusalem, pour rendre visible la réconciliation entre juifs qui reconnaissent la messianité de Jésus-Christ et les chrétiens issus des nations. Il voit la célébration de 2033 comme une étape pour le préparer.
Nous le rencontrons une deuxième fois le lendemain et il nous partage son émotion : « J’ai été vraiment touché par notre rencontre d’hier. Je réalise qu’il y a un immense potentiel dans cette année 2033 et le chemin pour y parvenir. J’ai eu l’impression de vivre un rendez-vous divin ! Je vois qu’il y a clairement une coïncidence entre TJCII et JC2033 : présenter l’épouse à l’Epoux dans la sainteté, l’unité et la diversité ! »
Martin Hoegger
