J’ai pu avoir quelques entretiens au sujet de l’initiative JC2033 et en rendrai compte, mais j’aimerais d’abord dire que la fréquente référence à la résurrection de Jésus m’a frappé.
« Le Ressuscité parmi nous »
Ainsi François Delloz, de la communauté de S. Egidio, a dit en ouverture de la rencontre : « Ce soir, Jésus vient parmi nous avec toute notre diversité. Il nous dit, comme au soir de Pâques « la paix soit avec vous ». Les disciples étaient bouleversés. Chaque fois que nous acceptons de l’écouter, la Parole nous bouleverse ».
Je retrouve le pasteur Thomas Römer, des Unions chrétiennes, que j’avais visité à Munich. Il nous présente un sachet avec des semences et nous invite à semer sept semences.
En voici quelques-unes :
La première, et la plus importante, est avant tout la confiance en la présence de Jésus parmi nous. Il faut la semer d’abord en nous.
La deuxième semence est de suivre le commandement nouveau de l’amour réciproque.
Une autre est de vivre l’amitié. Elle nous conduit à parcourir le chemin de la réconciliation en cherchant la rencontre et le dialogue avec l’autre.
J’ai eu la joie de revoir le pasteur Gottlob Hess, membre d’un mouvement protestant établi à Ottmaring (Vereinigung vom Gemeinsamen Leben) qui me dit : « la résurrection est le début de notre salut et de la guérison de nos relations » !
Gottlob Hess et Thomas Roemer prenant des semences
Le philosophe Herbert Lauenroth invite à acquérir la « compétence d’Emmaüs », c’est à dire chercher dans les Écritures ce qui concerne le Christ et à tout comprendre à la lumière de sa présence parmi nous. Cette présence est comme la « pupille de l’œil de Dieu». Comme dans le récit du chemin d’Emmaüs, Jésus est le martyr qui se manifeste parmi nous, le prophète précaire franchissant les frontières et le médiateur qui disparaît.
Gérard Testard, responsable du mouvement français Ephesia, dit : « Jésus ressuscité nous fait traverser les frontières. Il est au milieu de nous et nous explique les Écritures comme sur le chemin d’Emmaüs. Jésus au milieu de nous est ce qui nous différencie d’un mouvement politique car il est une personne et non pas une idée. »
Un mouvement depuis la base
Le Père Heinrich Walter représente le mouvement Schönstatt dans Ensemble pour l’Europe. A la fin de la première soirée, nous nous asseyons autour d’une bière.
« Le fait déterminant est d’être ensemble, contrairement à l’an 2000, dit-il. Le plus grand est que dès le début vous avez pensé à contacter tous les responsables. Le temps d’un jubilé oecuménique est-il peut-être venu ? »
Avec Heinrich Walter
Son mouvement travaille sur le long terme. Or, cette marche vers 2033 est un processus merveilleux qui va en profondeur et peut devenir une grande œuvre d’évangélisation.
Il insiste sur l’importance de l’amitié. Grâce à elle les différences théologiques sont perçues autrement. Si tous n’entrent pas dans cette démarche, il faut collaborer avec ceux qui sont ouverts.
Pour lui, cette initiative est avant tout un mouvement depuis la base. Il est convaincu que les responsables des Églises ne peuvent rien décider sans le consentement du peuple. C’est pourquoi il nous invite à créer un climat spirituel positif autour du Christ ressuscité. « Votre initiative est vraiment intéressante ; j’ai l’impression que l’Esprit saint est là », me dit-il en nous quittant.
Ambassadeurs de la réconciliation
Durant la journée publique à Augsbourg, j’ai pu m’entretenir avec l’évêque Christian Krause, ancien président de la Fédération luthérienne mondiale. Apprenant mon engagement depuis 25 ans dans le mouvement des Focolari, il me raconte comment la spiritualité de Chiara Lubich est entrée dans son cœur lorsqu’il l’a rencontrée au lendemain de la signature de la Déclaration commune sur la Justification, en octobre 1999.
Avec Christian Krause
« Les grandes lignes de cette spiritualité centrée sur la présence du Christ parmi nous et sur l’unité peuvent être vécues par tous », me dit-il.
Cette joyeuse rencontre m’a beaucoup encouragé ! Quelques instants plus tard il intervient en plénière en insistant sur l’importance de la réconciliation. Le plus urgent dans l’Église est de travailler pour la « diversité réconciliée », affirme-t-il : « Le cri de Paul - « au nom du Christ laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Cor 5,21) – est l’appel pour aujourd’hui. Il faut que les communautés et mouvements le lancent partout, car ils sont les ambassadeurs de la réconciliation, c’est pourquoi ils sont indispensables ».
C’est ce mot « réconciliation » qu’il prononce avec insistance et plusieurs reprises avant que je le quitte après lui avoir brièvement présenté le projet JC2033.
Martin Hoegger