Olivier Fleury,Dietrich Brauer,Martin Hoegger
« C’est notre responsabilité de garder leur mémoire, mais les recherches sont difficiles. Certaines archives sont encore secrètes », nous dit-il.
La présentation du projet JC2033 évoque d’abord pour lui le Jubilé de la Réformation, l’année dernière, où a eu lieu une action inter-protestante en Russie, également avec l’Eglise catholique. Brauer est membre d’un Conseil consultatif entre les Eglises orthodoxe, catholique et membres de l’Alliance évangélique. « C’est dans ce cadre que nous pouvons penser à ce qui est possible pour le Jubilé de 2033. Aujourd’hui les Eglises apprennent qu’elles doivent s’ouvrir davantage les unes aux autres pour être entendues ».
Il ajoute que l’Eglise luthérienne peut être un pont entre les diverses Eglises car elle a la confiance de toutes. Parler pratiquement de ce Jubilé est trop tôt, mais il est bon de commencer à y réfléchir. Une telle démarche a besoin également d’un soutien international.
Le point principal de notre foi
Dans un Starbucks nous prenons le petit déjeuner avec Alexandre Fedichkin, un pasteur de l’Eglise baptiste, président de l’Alliance évangélique russe, et avec Vitaly Voronov, membre de son comité. Le premier est aussi président du Conseil des Eglises évangéliques et le second est également responsable de la recherche de fonds dans l’Alliance évangélique européenne.
Olivier Fleury, Alexandre Fedichkin, Vitaly Voronov, Martin Hoegger
« Nous pouvons être d’accord avec vos cinq buts qui sont excellents. Beaucoup de russes croient en Dieu mais ne comprennent pas la raison de la résurrection. Nous avons à leur en donner le sens : comment elle les ouvre à une vie nouvelle », dit A. Fedichkin.
Vitaly Voronov s’enthousiasme : « si Jésus est vivant, la vie est ici. JC2033 est une idée magnifique. Sans la résurrection notre foi est vaine, comme le dit l’apôtre Paul. Elle est le point principal de notre foi. J’espère que toutes les Eglises puissent être ensemble à cette occasion ».
Mais il remarque qu’en Russie les règles d’Etat sont contraignantes. Pour faire quelque chose sur le plan national, il faut l’accord du gouvernement. Donc l’avis du Conseil consultatif des Eglises sera décisif.
« Mais d’où vous vient cette idée brillante, qui me parait si évidente », s’exclame le pasteur de l’Eglise anglicane de St André, Malcolm Rogers. Le nom de son site internet parle de lui-même et montre sa conviction au sujet de la résurrection : Croix et résurrection ! (http://crossandresurrection.blogspot.com)
Ce qu’il a compris de la Russie est qu’on ne peut prévoir ce qui se passera la semaine suivante. A fortiori dans 15 ans ! Mais il vaut la peine de se mettre en marche aujourd’hui : « Quand il y a une vision, mon rôle est de la soutenir. Les pasteurs ne doivent pas contrôler, mais stimuler. Comme pasteur de paroisse je cherche du matériel qui est pertinent dans mon contexte. Le plus important est de vivre la mort et la résurrection du Christ chaque jour ».
Transmettre la Parole de Dieu
Anatoly Rudenko, directeur de la Société biblique en Russie a la même pensée : quinze ans c’est bien loin ! La mission de la Société biblique (http://www.biblia.ru/en/?lang=e) sera la même en 2033 comme aujourd’hui : faire connaître la Parole de Dieu dans une langue que les gens peuvent comprendre. Egalement promouvoir sa lecture, alors que les russes lisent de moins en moins ! C’est le point le plus important de son ministère actuel…et sans doute dans quinze ans.
Le monastère de Saint André se niche dans un bras de la Moskova, entouré d’un parc. Au deuxième étage nous entrons dans l’Institut pour la traduction de la Bible (https://ibtrussia.org/en/). Créé en 1971 par des protestants en Scandinavie, il a été enregistré en Russie en 1990 et son travail est devenu interconfessionnel.
Son directeur Vitaly Voinov nous explique que son but est de traduire les Ecritures dans les nombreuses langues non slaves de la Russie. Sur les 130 langues, 40 traductions sont en cours et des parties de la Bible ont été traduites dans plus de 80 langues.
Vitaly Voinov
« Nos deux plus grands défis aujourd’hui sont d’abord d’avoir des ouvriers dans la moisson, puis de jongler entre orthodoxes, protestants et le monde académique », nous dit-il.
Alexey et Natalya Gorbunova, les directeurs adjoints nous donnent un livre édité à l’occasion des deux milles ans de la naissance du Christ : le récit de la nativité en 80 langues parlées en Russie et dans la Communauté des Etats indépendants. Un projet analogue pourrait être réalisé en 2033.
Pour conclure, nous avons également rencontré deux jeunes qui, sans doute, résument bien l’attitude de nombreux jeunes chrétiens : Alexandre Semkin, le directeur de IFES (International Fellowship of Evangelical Students – Groupes bibliques universitaires) : « Cela me plaît de nous centrer ensemble sur la résurrection de Jésus. C’est la force de votre mouvement ». Et Anya Priemysheva, collaboratrice à la Chambre civique de la Fédération russe, un organe consultatif des Organisations non gouvernementales : « En Russie, les gens ne savent pas ce qu’est Pâques, souvent ils confondent cette fête avec Noël. L’évangélisation est nécessaire ».
Martin Hoegger