Nous avons apporté une contribution lors de deux sessions. Dans ce premier article, je relate un atelier sur l’unité chrétienne, première valeur de JC2033. Dans un autre, je rendrai compte d’une stimulante rencontre entre divers mouvements mettant en évidence le chemin vers 2033 (voir ici : )
Une unité relationnelle
Rassemblé avec un millier de personnes dans l’Église S. André, Peter Smith, évêque américain, rappelle que travailler pour l’unité est constitutif de la vie chrétienne, pas une option.
Pourquoi l'unité est-elle importante ? Parce que Dieu la veut selon Jean 17,20-21. Elle est nécessaire pour que le monde croie que le Père a envoyé Jésus. Le vrai signe de la venue de l’Esprit n’est pas le parler en langues, mais l’amour de l'unité. On voit cela dès le début : pour unir juifs et païens, Dieu a envoyé son Esprit sur le païen Corneille, comme il l’avait fait sur les juifs à Pentecôte.
Unité ne veut pas dire uniformité. La Trinité est le modèle de l'unité dans la diversité, et le Saint-Esprit respecte la diversité.
Dans le renouveau charismatique, dès le début, il y avait des chrétiens d’autres Églises qui ont aidé ce courant à émerger dans l'Église catholique. Dieu les a utilisés. Le renouveau est donc intrinsèquement œcuménique. D’ailleurs l’unité est un des trois axes de « Charis » avec l’expérience de l’Esprit-Saint et l’attention aux pauvres.
Si les théologiens ont leur responsabilité, chaque chrétien est aussi appelé à être ouvrier d’unité en partageant la vie en Christ. Le pape François insiste sur ce point. Pour lui, une nouvelle énergie apostolique, comme au jour de Pentecôte, est nécessaire. « Le Saint-Esprit travaille partout là où il y a des cœurs ouverts ».
L’unité, condition de la mission
Pour Mons. Juan Usma, collaborateur du dicastère pour l'unité (Vatican), Jésus donne trois mandats avant de quitter les siens : celui de l’amour, celui de l'unité et celui de la mission. Unité et charité sont la condition de la mission.
Rechercher l'unité n'est pas une activité, mais une attitude et un service quotidiens. Aimer le Christ, l'Église et son unité, c’est un tout. On ne peut pas travailler pour l’unité en dehors de l’Église.
Nous devons créer les conditions favorables pour grandir dans l'unité. L’une d’entre elles est la prière que le renouveau charismatique vit avec intensité.
Sans l’Esprit-Saint, nous ne pouvons pas avancer, car il engendre l'unité. Accueillir l’Esprit, c'est travailler pour l’unité. J. Usma plaide pour un « œcuménisme de l’Esprit-Saint ». Celui-ci se réjouit quand nous annonçons ensemble le Christ. Qu’en nous tous résonne l’appel de l’apôtre : « n’éteignez pas l’Esprit » !
« Une seule épouse »
Le pasteur américain pentecôtiste Joe Tosini (à gauche sur la photo), fondateur du Mouvement Jean-17, a raconté son « chemin de Damas », après avoir vécu dans le mouvement hippie où il a rejeté la foi chrétienne. Sa rencontre avec Jésus lui a donné la réponse à ce qu’il recherchait désespérément : la capacité d’aimer.
Devenu pasteur, il a été choqué par les divisions entre les Églises. Apparemment, « chacun avait son Jésus ». Un jour, il a entendu Jésus lui dire : « Je n’ai qu'une épouse ». Il a alors commencé à inviter des ministres d’autres Églises, ce qui l’a conduit à se mettre en porte-à-faux avec la direction de la sienne. Par la suite, il a eu un ministère fécond parmi les étudiants et dans une communauté qu’il avait fondée.
En 2013, au lendemain de l'élection du pape François, il s'est réveillé à « 3 heures 13 » du matin et il a senti que l’Esprit lui demandait de prier pour ce pape. Il a compris qu’il l'appelait à nouveau à donner sa vie pour l’unité de la seule Épouse ! C’est ainsi qu’il a fondé le mouvement Jean-17 qui a un beau rayonnement aux USA.
« Après l’avoir rencontré, le pape François m’a demandé de raconter cette histoire à tous. Dieu ne nous rassemble pas comme un club. C'est un Père qui veut que toute sa famille soit dans sa maison... Mais, parfois, il est difficile de s’entendre en famille ».
L’unité en vue du témoignage
Olivier Fleury, fondateur de l’initiative JC2033, qui invite les Églises à préparer les deux mille ans de la résurrection de Jésus, raconte comment l’Esprit-Saint l’a visité pour lui donner la vision d’une célébration mondiale de ce jubilé, dans l'unité.
L’unité, c’est d’abord de marcher ensemble avec le Christ, comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs. Mais, ceux-ci témoignent ensuite de leur rencontre.
Il insiste donc sur le fait que l’unité est un moyen, pas une fin en soi. En Jean 17, l'unité conduit à annoncer et à comprendre le message du Christ, mais le but est la gloire de Dieu. « Nous sommes ici sur terre pour montrer la gloire de Dieu au monde, qui a besoin de son amour et du nôtre ».
Olivier a reçu cette vision en 2007. Au début, il était seul, mais chemin faisant, il a rencontré plusieurs personnes qui ont la même vision d'unité. Grande est sa joie que demain soir une session soit consacrée à « l'agenda 2033 » que « Charis » propose, avec plusieurs autres mouvements.
Noter 2033 dans son agenda
Huw Warmenhoven, d’Australie, et Maria Gonzalez, d’Espagne, sont deux responsables du parcours Alpha dans un contexte catholique. Les deux ont été convaincus de la dimension œcuménique d’Alpha, qui veut aider l’Église à évangéliser. « L’évangélisation est impossible sans unité », dit Maria. « L’esprit de prière et de mission commune est ce qui nous unit dans Alpha », poursuit Huw.
Le lendemain, le pasteur anglican Nicky Gumbel, partage la découverte de ce parcours qui a révolutionné sa vie. Il a constaté que tant de personnes se sont tournées vers Dieu et ont reçu l’Esprit-Saint en y participant. Également dans l’Église catholique qui lui a ouvert grand ses portes. À ce jour, plus de 30 millions de personnes ont suivi Alpha, dont 25% vient de l'Église catholique.
« Le message n’a pas changé, mais il faut modifier son emballage », dit-il. Ce message est que nous sommes aimés. L’Esprit-Saint répandu dans notre cœur nous l’assure. Voilà pourquoi il est si important de conduire les personnes à faire l’expérience de l’Esprit dans un lieu sécurisé et convivial.
« J'espère que vous avez déjà noté 2033 dans votre agenda. Ma prière est que tous entendent l'Évangile d’ici là. Faisons-le ensemble », conclut-il !
« Unis en Christ »
Mateo Calisi, fondateur du mouvement « United in Christ », vient de Bari en Italie, où se trouve le tombeau de Nicolas de Myre. Dans la basilique, les liturgies catholique et orthodoxe sont célébrées, car ce saint est également honoré par l’Église orthodoxe. Le courant de grâce du renouveau charismatique a aussi traversé ce lieu.
Son expérience avec le mouvement pentecôtiste a commencé en rencontrant le pasteur David du Plessis, pionnier des relations entre pentecôtistes et catholiques. Ce dernier lui a dit qu’il aurait un ministère international de réconciliation. Après 40 ans, il reconnaît que cette prédiction s'est réalisée.
Vivre l’esprit des Béatitudes
Quant à moi, pasteur évangélique réformé, on m’a demandé de donner un témoignage sur les différentes étapes de mon parcours pour l’unité (voir ici ma contribution). Voici ma conclusion : « Au fur et à mesure que mon voyage se poursuit, j'ai le sentiment que pour avancer sur le chemin de l'unité, nous devons toujours avoir le courage de revenir à la prière du Christ pour ses disciples avant sa Passion (Jean 17,21)...
Mon expérience est que si nous regardons au Crucifié, en vivant l'esprit des béatitudes qu'il a lui-même pleinement incarnées, c'est-à-dire en aimant envers et contre tout, comme il a aimé, il manifestera la puissance de sa résurrection. Et, l'Esprit-Saint nous fera avancer sur des chemins d'unité que nous n'aurions jamais pu imaginer ! »
Martin Hoegger