Chroniques de Jérusalem I. Artisans d'unité

Tout a commencé à Jérusalem, il y a bientôt 2000 ans, quand un matin une femme revenue d’un tombeau a annoncé à onze hommesmédusés : « Il est ressuscité » ! Il fallait donc que nous nous rendions à Jérusalem afin de partager la vision de « Jésus Célébration 2033 ».

Nous, à savoir Olivier Fleury, directeur de l’association, Shafique Keshavjee, pasteur protestant et votre serviteur.

Arrivés à l’aéroport de Genève, nous nous rendons après une très matinale tasse de café dans la chapelle. Sur le présentoir nous prenons un feuillet de la « Parole de Vie » du mois de septembre du mouvement des Focolari…et nous nous sentons tout de suite concerné par ses premières lignes : « Se préparant à monter à Jérusalem, Jésus annonce la proximité du Royaume de Dieu…Il affirme clairement que son voyage à Jérusalem ne le conduira pas au triomphe, mais plutôt au rejet, à la souffrance et à la mort. Il relève aussi qu’il ressuscitera au troisième jour… C’est alors qu’il annonce : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mat 16,24).

Suivre Jésus, c’est bien ce que nous désirons vivre durant ces huit jours ! Le suivre en allant à la rencontre d’une vingtaine de responsables de diverses familles d’Eglise pour nous mettre à leur écoute. Lui seul, dans sa croix et sa résurrection peut nous unir en Dieu ! Nous lui confions ces visites.

A l’aéroport de Tel Aviv, une amie d’Olivier, Nadine, nous amène à une auberge près de la porte de Jaffa, où nous logeons la première nuit avant de prendre nos quartiers dans une autre auberge à côté d’une autre porte, celle de Damas.
 

2033 : un aimant !

En soirée nous traversons la vieille ville pour nous rendre à notre premier rendez-vous. La Communauté du Chemin Neuf nous attend à «l’Ecce Homo», sur la « Via Dolorosa », le lieu traditionnel où Jésus a été jugé par Pilate.

Nous montons au dernier étage et nous découvrons une vue extraordinaire sur la vieille ville de Jérusalem brillant de mille feux.

Comme le charisme de cette vibrante communauté oecuménique est l’unité de l’Eglise, l’accueil est plus que chaleureux !

« En quoi consiste votre projet », demande Anne-Cathy Graber, pasteur mennonite et nouvelle responsable de la communauté ?

« Pour le moment c’est une vision, répond Olivier, un appel aux Eglises. Le projet se révélera peu à peu suite à nos visites. Nous venons avec une question : dans votre contexte quel est le meilleur moyen pour célébrer les 2000 ans de la résurrection de Jésus » ?

« C’est sûr qu’il faut faire quelque chose en 2033 » ! s’exclame Nobert Rousselle, le prêtre de la communauté. Cette date n'appartient à personne, elle est comme un aimant qui aimante le chemin à parcourir. Il est bon qu’une impulsion vienne du dehors des Eglises pour les appeler à témoigner ensemble du Christ ».

Pierre, un membre laïc et marié de la communauté raconte comment l’aube pascale est célébrée sur la terrasse : à un moment les chants sont couverts par la voix du muezzin de la mosquée El-Aqsa située juste en face. « A Jérusalem, nous devons toujours tenir compte des autres. La racine est ici. Je ne m'imagine pas le retour du Christ à Rome » !

La marche est tout autant importante que le but

Le lendemain nous nous rendons à Saint Anne, également sur la Via Dolorosa. Sur un mur, notre attention est attirée par une inscription des sœurs de Darmstadt qui rappelle le chemin de croix du Christ. C’est le verset que nous avions médité à l’aéroport de Genève : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive » !

Le Père Frans Bouwen nous accueille dans le couvent des Pères Blancs. Grand connaisseur des Eglises de Jérusalem, il est un des acteurs de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui réunit douze Eglises de la ville. Il est aussi un théologien passionné de l’unité des Eglises, ayant été vice-président de la Commission Foi et Constitution. «Je suis fier d’avoir été le seul à signer les deux textes majeurs du Conseil œcuménique des Eglises : «Baptême, eucharistie et ministère» et «Vers une vision commune de l’Eglise»!

Le P. Frans habite depuis 48 ans à Jérusalem et constate que les relations œcuméniques ont beaucoup progressé depuis la visite historique entre le pape Paul VI et le patriarche de Constantinople Athénagoras, en 1964. Un climat de confiance s’est établi. Les Eglises collaborent, en particulier pour la restauration du Saint Sépulcre. Cependant leurs relations pourraient s’approfondir sur le plan pastoral et spirituel.

« Un travail incroyable est fait entre laïcs et prêtres. Ils collaborent à tous les niveaux. Les fidèles savent que s'ils veulent avoir un avenir ici, ce n'est qu'ensemble.  Il y a tant de mariages mixtes, surtout entre orthodoxes et catholiques qui représentent 90% des chrétiens ». 

Concernant « Jésus célébration 2033 » à Jérusalem, il s’écrie : « Qui peut dire quelle sera la situation dans 16 ans ? Pour moi l’important est d’encourager la marche du peuple vers 2033. La marche est tout autant importante que le but. J’aime que le pape François dise que l’unité se fera en marchant ».

Et puis il estime qu’une telle vision encouragera les communautés à ne pas se définir en opposition avec les autres, une réaction d'auto défense assez courante au Moyen-Orient. 

« Nous sommes d'abord chrétiens. Le message de la résurrection nous aidera à en prendre plus profondément conscience. Jesus est Mort pour ramener à l'unité tous les enfants de Dieu. Mort, résurrection et effusion de l'Esprit sont un seul mystère. La vocation de l’Eglise est de rassembler les peuples au-delà de leurs différences de culture. ».