Chroniques de Jérusalem III. Sans résurrection, pas de foi ni de vie !

Jérusalem, 21 septembre. Ce matin, en sortant de notre auberge non loin de la Porte de Damas, nous ne voyons presqu’aucune voiture. C’est un double jour férié : Roch Hachana (le nouvel an juif) coincide cette année avec Raas Assana (le nouvel an musulman). Et même triple, car l’ONU y a aussi fixé la journée internationale pour la paix.

Nous nous rendons chez les héritiers d’un homme de paix : François d’Assise ! Sur le clocher de l’Eglise de la « Custodie » un immense panneau rappelle les 800 ans de la présence des franciscains en Terre sainte. « Dans deux ans nous rappelerons aussi les 800 ans de la rencontre de Saint François avec le Sultan Malik al-Kamil », nous dit le nouveau Custode, François Patton.

Sa démarche est l’illustration de la vertu de toute visite ! Nous espérons que la vingtaine de visites que nous faisons ces jours serviront un peu à la paix de Jérusalem !

Pour nous chrétiens, la paix de Jérusalem est celle de la croix et du tombeau vide. Après avoir écouté la vision de « Jesus Celebration 2033 » qui appelle les chrétiens à s’unir pour célébrer les 2000 ans de la résurrection, le frère François nous dit : « Il y aura sûrement quelque chose ici, car Jérusalem est le lieu de la résurrection. L’important est que durant cette marche vers 2033, chaque Eglise devienne plus consciente de la sensibilité des autres ».

Assumant depuis peu cette fonction, son impression est qu'il y a à Jérusalem de bons pas en avant vers plus d’unité entre les Eglises, malgré des tensions et des résistances. Certes la diversités est une richesse. Il faut garder la « biodiversité ecclésiale », mais les chrétiens sentent qu'ils sont chrétiens avant tout. Chaque confession est une minorité de minorité. Quand une Eglise a un problème, les autres la soutiennent.
 

Une date unique de Pâques en 2033 ?

La récente cérémonie de la fin de la restauration du Saint Sépulcre l’a marqué : « Devant le tombeau vide du Christ, nous avons chanté et prié le Notre Père, chacun dans sa propre langue. Toutes les Eglises de la vieille ville étaient présentes. C'était la cérémonie la plus oecuménique qui soit, car sans la résurrection, il n'y a ni la foi, ni la vie. Le chemin vers 2033 est donc ouvert ». 

Pour lui, la question de la date de Pâques n'est pas le problème central (en 2033, la Pâques orthodoxe aura lieu le 21 avril, une semaine après les autres). A l'occasion de 2033, il espère que toutes les Eglises se mettent d'accord pour célébrer ensemble les 2000 ans de la résurrection du Christ : « Je crois que cela sera possible si on le présente comme une occasion exceptionnelle. Si les responsables se mettent d'accord, tout est fait. Mais le peuple de Dieu doit aussi les y inviter. A Jérusalem et partout ailleurs ! »
 

La logique de la résurrection confronte celle du monde

Traversant les souks, nous arrivons devant le « Muristan », siège de l’Eglise luthérienne pour y rencontrer son évêque, Munib Younan. Il nous reçoit chaleureusement non sans avoir offert thés et cafés arabes. A côté de son bureau une grand panneau où on le voit en compagnie du pape François.

Durant la première partie de notre entretien, il nous partage sa grande joie, en tant que président de la Fédération luthérienne mondiale d’avoir pu vivre l’événement historique de la célébration d’ouverture des 500 ans de la Réforme, à Lund en Suède.

L’évêque de Rome et lui avaient alors signé un engagement de collaboration œcuménique. Un pas important vers plus d’unité visible ! Pour lui un événement de l’Esprit qui peut-être ne se répétera pas de si tôt : « Tout était chronométré. J’avais préparé une homélie de 10 minutes, mais j’ai senti l’Esprit Saint et j’ai parlé 5 minutes de plus. Le pape de même » !

La présentation de la vision de JC 2033 évoque en lui le souvenir d’une célébration commune entre les Eglises sur la place de la nativité à Bethléem pour les 2000 de la naissance du Christ. «Tous les responsables étaient là, même les orthodoxes. C’était beau, mais nous n’avons pas été assez loin. Cet événement aurait dû être suivi par d’autres actions communes ».

Pour 2033, il nous conseille de nous concentrer sur le sens de la vie et de la mission de Jésus. Sa naissance dans une étable, sa vie simple, sa mort sur une croix mettent en cause les logiques mondaines. « Dieu agit de manière non logique dans le monde. Jésus apporte un pouvoir salvifique, pas économique ni politique. Qu'est ce que cela signifie de le confesser comme Sauveur aujourd'hui ? On ne pas séparer la vie du Christ de la mission. Le faire connaître est la vocation de l’Eglise ».
 

C’est maintenant qu’il faut commencer !

En début de soirée, Moses Jarjoui vient nous chercher pour nous conduire au Club orthodoxe arabe qu’il préside, à Beit Hanina, entre Jérusalem et Ramallah. Nous entrons dans une ruche bourdonnante de plusieurs étages ! Toutes les générations sont ensemble. Sur la terrasse des adultes jouent aux cartes, dans les salles enfants, adolescents, jeunes jouent de la musique, discutent, s’amusent.

Moses et son équipe nous font visiter cette grande maison récemment restaurée qui se trouve à deux pas du mur construit après la deuxième « Intifada ». Nous sommes impressionnés en le découvrant devant nous.

« Ma plus grand crainte est qu’en 2033, il n’y ait plus de chrétiens palestiniens, car nombreux sont ceux qui émigrent », nous dit Moses, en nous montrant une photo de 1943, avec les hommes qui ont alors fondé ce club. « Tous ont émigré et il ne reste ici aucun membre de leurs familles ! ».

Je m’entretiens en particulier avec Shoufa et Hani Boullata, deux membres du comité, qui me partagent leur engagement dans ce club où les jeunes trouvent un lieu pour s’épanouir, en particulier dans la troupe scoute.

Pendant ce temps Olivier et Shafique discutent avec trois responsables de jeunesse, Gabi, Elias et Christos. « J’ai été frappé, me dit Shafique, de lire une vraie joie sur leurs visages quand on leur a présenté la vision de JC 2033. Ils l’ont trouvée magnifique et nous ont dit : « c’est maintenant qu’il faut commencer, sinon on ne va jamais y arriver. C'est à nous de rassembler les chrétiens et de trouver les formes qui conviennent à notre contexte. »

lls veulent absolument garder le contact avec nous. Je crois que nous avons trouvé en eux des partenaires », ajoute Olivier