Chroniques de Paris II. En marche vers 2033 avec l’Église catholique

L’après-midi du premier jour de notre périple parisien, le 3 juin, nous traversons Paris vers l’Avenue de Breteuil où se trouve la Conférence des évêques de France et visitons Emmanuel Gougaud, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens.

Je le retrouve avec plaisir car je l’avais rencontré lors du bilan du « Forum chrétien francophone », à Paris, deux semaines auparavant. J’avais déjà été frappé par son accueil chaleureux de ce projet. 

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Olivier Fleury avec Emmanuel Gougaud

« Toutes les Églises vont faire quelque chose, dit-il. Une telle initiative ne peut marcher que si les Églises ne sont pas dépossédées de leur patrimoine propre. Il faut qu’elles puissent réaliser leurs projets confessionnels tout en participant à des projets œcuméniques. »

Il est convaincu de l’importance de la dimension œcuménique : « Le pape François ne cesse de rappeler que tout ce que les chrétiens peuvent faire ensemble, ils doivent le faire ensemble. L’enjeu d’un tel projet est sa préparation ». Et de nous partager un rêve pour 2033 : que tous les chrétiens puissent se retrouver ensemble autour de la même table du Christ ! Notre mission est de tout faire pour qu’il devienne une réalité.

Pour lui, annoncer la résurrection corporelle de Jésus est essentiel. Notre tâche est de manifester sa joie. Jésus donne un sens divin à notre vie. Par lui nous n’avons pas besoin de justifier notre vie.

 

S’inspirer de l’an 2000

Trois jours plus tard, dans ce même bâtiment, nous rencontrons Antoine Sondag, directeur du Service de la Mission universelle qui s’occupe des relations internationales de l’Église catholique de France. « L’Église de France tourne grâce aux prêtres venus d’ailleurs », nous dit-il.

Selon lui « le bon vieil œcuménisme entre catholiques et luthéro-réformés » doit être élargi. Il y a une nouvelle génération de catholiques désireux de travailler avec des pentecôtistes en France et ailleurs. D’autre part, le fait que nous soyons en lien à la fois avec le Conseil œcuménique des Églises et le Mouvement de Lausanne l’intéresse.

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Avec Antoine Sondag et Annie Josse

Il souligne que la résurrection est un fait historique qui ne cesse de déployer ses effets. Chaque célébration eucharistique en est une mémoire active. Cela relativise l’anniversaire des 2000 ans, mais non sa pertinence. 

A ce sujet, il rappelle que le pape Jean Paul II aimait les commémorations avec leur nécessaire démarche de purification et de pardon. Il nous encourage également à étudier la pédagogie mise en œuvre par l’Église catholique menant à l’an 2000. « Les catholiques sont habitués à ces démarches. Ils sont prêts à marcher vers 2033 ».

Annie Josse, sa collaboratrice, remarque que cet événement parlera immédiatement à l’Afrique et à l’Amérique latine, contrairement à chez nous où cela demande beaucoup de préparation, mais cela en vaut la peine. 

 

Cheminer vers 2033 avec les Écritures 

Alexis Leprouxvicaire général du diocèse de Paris, nous reçoit à l’archevêché, à l’ombre de la cathédrale. Sa première réaction était de se dire « Bonne idée !  Si Jésus revenait, c’est ce qu’il ferait : d’abord visiter ». Il est certain que, pour un tel événement, l’Église catholique fera quelque chose. « Mais cela fera du bien de le faire ensemble. C’est une idée très pertinente de faire converger les chrétiens à cette occasion »

Il est donc heureux de notre projet, même si 2033 paraît lointain et si, après l’incendie de la Cathédrale de Paris, les priorités ont changé. Le regard se porte plutôt sur 2024 avec les Jeux Olympiques à Paris et la possible réouverture de Notre Dame. 

Bibliste, il croit beaucoup à l’étude unificatrice des Écritures. Chaque semaine, plus de deux milles jeunes se rassemblent dans une trentaine de groupe pour les méditer. Et il est l’âme de ce mouvement diocésain.

Il voit un symbole messianique dans le chiffre 33 : le roi David a régné 33 ans sur Jérusalem. Or Jésus est fils de David !

Pour lui, il est beau de cheminer avec les Écritures à travers l’année. Entre 2030 et 2033, il imagine une préparation de trois ans avec les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) et de prendre l’Évangile de Jean en 2033. 

 

Une opportunité missionnaire !

Nous visitons aussi le centre dominicain « Istina ». Il est, nous explique son directeur Franck Lemaître, le « grand père de l’œcuménisme » en France puisqu’il a été créé en 1927 lors de l’arrivée des réfugiés russes. 

Celui-ci se demande quel format donner au projet JC 2033 pour qu’il ait un caractère missionnaire. Se concentrer sur un événement est pédagogique. Mais tout rassemblement en lieu fermé, comme un stade, ne concerne que les chrétiens. 

Parmi les 323 frères dominicains répartis en 28 communautés, certains exercent leur ministère parmi la jeunesse. Il serait heureux qu’ils entrent dans ce projet : « les choses réussissent si des personnes s’impliquent. Cherchez à convaincre quelques jeunes qu’il y a là une opportunité missionnaire ! »

 

Michel Mallèvre, le directeur de la revue Istina, nous dit l’importance de rencontrer des représentants des grandes communions mondiales, surtout dans les autres continents, où se trouve le nouveau centre de gravité du christianisme mondial. Il constate que l’œcuménisme entre catholiques et évangéliques a fait beaucoup de progrès ces dernières années. Lui-même a été vice-président du « Jour du Christ », qui en est une expression.

Au bénéfice d’une longue expérience œcuménique, il se demande comment, à l’occasion de 2033, « la grosse machine catholique » entrera dans une démarche œcuménique et comment les orthodoxes surmonteront leur difficulté de prier avec les autres chrétiens.

 

Martin Hoegger