Chroniques de Paris I. En marche vers 2033 avec les Églises protestantes.

A peine arrivés à la Gare de Lyon depuis Lausanne, nous avons commencé notre pèlerinage en visitant la Maison du Protestantisme, rue de Clichy. Participent à cette rencontre le président de la Fédération protestante de France (FPF), François Clavairoly ; Emanuelle Seybold, présidente de l’Église protestante unie (EPUdF) ; Anne-Laure Dannet, responsable des relations œcuméniques de la FPF et Claire Sixt-Gateuille, responsable des relations œcuméniques de l’EPUdF.

Inclure la dimension interreligieuse et citoyenne

 « Un anniversaire, c’est l’occasion de faire des cadeaux : quel cadeau les protestants peuvent-ils donner aux autres », dit François Clavairoly. Il perçoit tout de suite « l’enjeu médiatique et festif mondial » d’une telle occasion : « deux milliards de gens qui font la fête est-ce que cela aura une conséquence sur l’axe de rotation de la planète », se demande-t-il en souriant ?

Il se demande aussi quelles relations avoir avec les autres religions, car quand nous rappelons les essentiels du christianisme nous sommes tout de suite en dialogue. Il ne faut donc pas les oublier et réfléchir comment les inviter.  « Pâques est le marqueur identitaire des chrétiens. Mais avec 2033 nous sommes dans une démarche de célébration, non de revendication ». 

D’autre part, il voit mal comment on pourrait célébrer les 2000 ans de la résurrection sans mettre dans le coup les universités. Quelle a été la puissance de la résurrection dans l’élaboration des lois ? Comment a-t-elle poussé à l’engagement social et politique ? Il faut inclure la dimension citoyenne, car en Europe, tout s’est construit en référence au Christ. C’est l’occasion d’y réfléchir, alors que le christianisme devient minoritaire en France. 

 

Construire la confiance

Emanuelle Seybold voit la décennie en deux étapes : d’abord sept années de préparation durant lesquelles les responsables approfondissent leur communion et les trois ans du ministère public du Christ, entre 2030 et Pâques 2033. « Il faut du temps pour que les responsables construisent la confiance entre eux. Les actions seront alors le résultat d’une vraie dynamique de fraternité ». 

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A la Fédération protestante de France, de gauche à droite : Claire Sixt-Gateuille, Olivier Fleury, Emmanuelle Seybold, François Clavairoly, Anne-Laure Danet, Martin Hoegger

Pour E. Seybold, célébrer un tel événement exige la dimension œcuménique. Cela lui fait penser aux 500 ans de la Réforme en 2017, où le mot d’ordre était de ne rien faire seul, car la Réformation concerne toutes les Églises. « A cette occasion, il y a eu un foisonnement d’initiatives, soit plus de mille dans l’EPUdF. Pour préparer 2033, je sens quelque chose de semblable. J’aimerais dire aux Églises : allez-y et ne pensez pas que les autres le feront à votre place » ! 

Pour Claire Sixt-Gateuille la symbolique des trois ans du ministère de Jésus est forte. Elle note qu’il y a de plus en plus d’aubes pascales œcuméniques. Celles-ci seront dynamisées par la perspective du pèlerinage vers 2033. D’ailleurs la notion de pèlerinage est un thème avec une forte résonnance œcuménique. Le Conseil œcuménique des Églises l’a mise au centre de son action. Il invite à cheminer ensemble avant de poser un cadre commun.

Anne-Laure Danet voit en JC2033 une dynamique semblable à celle du Forum chrétien mondial. Comment se reconnaître les uns les autres pour témoigner ensemble du Christ ? Elle vient d’en faire l’expérience durant la récente rencontre du premier Forum chrétien francophone, en octobre dernier. 

 

Une course de fond, pas un sprint !

Après le déjeuner dans un restaurant du quartier de Clichy, nous revenons à la Maison du Protestantisme pour visite la Fédération baptiste de France. 

Thierry Auguste, son président, nous partage également son expérience marquante avec le Forum chrétien francophone. Pour un tel projet, il faut que les institutions se mobilisent, mais les responsables vont se succéder. Il faut donc réfléchir comment passer le relais et comment JC2033 devienne une démarche qui dure au-delà des personnes. 

« Notre fédération est favorable à l’œcuménisme, affirme-t-il. Nous travaillons sur des actions qui unissent. Certes, nous voyons aussi des limites mais surtout un grand espace commun où nous pouvons témoigner ensemble ». Il souhaite en particulier que le projet soit porté par les institutions. Il nous encourage donc à les rencontrer. 

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A la Fédération baptiste avec Thierry Auguste et Marc Derouex

Marc Derouexsecrétaire général de cette même fédération, voit dans la célébration des 2000 ans de la Résurrection une analogie avec l’histoire biblique, où des jalons rappellent l’action de Dieu. « Il est bon de marquer les événements marquants. Et la résurrection de Jésus est l’action divine par excellence. Chaque Sainte Cène en fait d’ailleurs mémoire ».

Il nous invite à nous appuyer sur des réalités existantes comme les « Matins de Pâques », le « Forum chrétien », le « Jour du Christ », la « Marche pour Jésus ». Il faut que les responsables montrent l’exemple. Il pense à François d’Assise qui a pris du temps avec les grands comme avec les petits. Les grands ont de l’influence mais les petits parlent entre eux. 

A la fin il nous encourage de manière touchante : « Votre projet est une course de fond, pas un sprint. Vous ouvrez des brèches, ensuite il y aura des ouvertures plus grandes. Travaillez avec ceux qui comprennent le projet et désirent y entrer ! Restons en contact ! Revenez ! Vous êtes en pèlerinage ! Tenez-nous en haleine » !

 

L’unité, enjeu de ce projet

A la paroisse de Belleville, Gilles Boucomont a réuni cinq autres pasteurs de l’EPUdF et leur enthousiasme nous touche. 

Ce dernier nous partage l’initiative des Églises de placarder le quartier avec des affiches annonçant la résurrection du Christ, lors du temps de Pâques. Pour lui, l’unité est le grand enjeu de ce projet : unité tant à l’intérieur de chaque Église qu’entre les Églises. 

Cet aspect de l’unité est aussi souligné par Esther Boulineau, dont la paroisse se trouve dans le 20e arrondissement : « mon rêve est de nous rassembler autour du Christ avec toutes les expressions de la foi chrétienne, sans regarder l’autre dans sa différence. C’est pourquoi ce projet me plaît. Chaque responsable d’Église doit se poser la question de l’unité. »

Julien et Isabelle Cofinet, pasteurs à Saint Germain en Laye se demandent quel est l’accent principal du projet : le témoignage, la célébration ou l’unité ?  JC 2033 va-t-il être un projet vraiment fédérateur ou suscitera-t-il une « unité obligatoire et formelle ». Ce qui leur fait envie dans ce projet est sa dimension internationale. 

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Avec les pasteurs Gilles Boucomont, Esther Boulineau, Thomas Keller, Julien Cofinet. (De gauche à droite) Au premier plan : Magali Carré et Isabelle Cofinet.

Magali Carré, d’Auxerre, dit combien partager la joie de la résurrection du Christ lui plaît. D’autant plus qu’il lui est difficile de vivre cela dans son ministère pastoral actuellement.  

Thomas Keller, pasteur de la paroisse du Marais, aime que ce projet glorifie le Christ. Il est rejoint par l’aspect du témoignage : « Avec 14 ans devant nous, nous pouvons commencer à réfléchir et faire des choses ensemble ». 

Remarque : 

Nous avions prévu de visiter les responsables du Conseil national des évangéliques (CNEF), mais une erreur d’agenda a renvoyé la rencontre à une autre occasion. 
 

Martin Hoegger